MATHIEU BERNARD-REYMOND • MICHEL CAMPEAU JAMES CASEBERE • GREGORY CREWDSON • JOSÉ DAMASCENO DENIS DARZACQ • ALEXANDRE DUFAYE • MICKAËL MARCHAND SARAH PICKERING • CATHERINE REBOIS • PATRICK TOSANI BERNARD VOÏTA
commissaire : Catherine Rebois
Contours du Réel
Que voit-on quand on regarde une photographie ? Les artistes et photographes contemporains Mathieu Bernard-Reymond, Michel Campeau, James Casebere, Gregory Crewdson, José Damasceno, Denis Darzacq, Alexandre Dufaye, Mickaël Marchand, Sarah Pickering, Catherine Rebois, Patrick Tosani et Bernard Voïta sont réunis pour confronter, questionner et envisager les « Contours du Réel ». Cette nouvelle exposition soulève des interrogations sur la représentation, celle qui met en jeu à la fois le réel, la réalité, la fiction ou même les faux semblants...
« Certaines mises en scène photographique gérées dans ses moindres détails sont souvent d’une telle acuité qu’elles restituent une perception de la réalité prépondérante, si tant est que l’on s’accorde sur une définition de la réalité et du réel. Depuis son origine, une des préoccupations essentielles de la photographie est bien sa relation particulière à ces notions. La puissance descriptive photographique nous renvoie aussi à de l’intensité d’autant plus que la mise en scène du réel suscite du trouble. Et si, le réel n’existe pas en soi, en revanche, la perception de la réalité, elle, a du sens...
... La fiction raconterait des faits imaginés alors que la vérité raconterait les faits tels qu’ils se sont passés. Est-ce si simple ? Il est évidemment impossible d’en déduire que le récit de fiction est faux. Raconter ou représenter c’est déjà donner une interprétation de la réalité. La fiction n’est pas un récit qui parle de faits qui n’ont pas eu lieu. Tout est fiction et nous avons besoin du récit pour nous saisir du monde, il s’articule plus précisément grâce à la perception. Le réel, c’est avant tout ce que nous discernons par nos sens, ce que nous entendons, ce que nous voyons et ce que nous envisageons...
... La vision photographique, de son côté, ne reproduit pas le regard humain, elle donne au contraire à voir de l’invisible. C’est une précision donnée, déjà à l’époque, par Étienne Jules Marey, médecin, physiologiste, photographe et inventeur français : selon lui la photographie développerait une approche plus mentale que visuelle. La photographie, par exemple, ne peut montrer le mouvement tel que nous le percevons. La chronophotographie en décomposant le mouvement, grâce à un fusil photographique, également inventé par Marey en 1881, donne une version scientifique de la mobilité et de la perception. Elle démontre effectivement que la photographie nous donne à voir de l’invisible, de ce que l’œil et notre cerveau ne peuvent plus discerner ou capter, mais que la photographie réussie à saisir. Nous pouvons en déduire que la photographie nous donne à regarder de la matière, à nos yeux invisible, mais réellement déchiffrable, saisissable et intelligible qui nous parle d’une autre vérité ou mieux d’un supplément de réalité. La photographie se lit et se traduit, elle n’est pas un simple objet offert au regard...
...Par ailleurs, la puissance de la fiction est de nous laisser entendre sa possible réalité. Ainsi, les fictions, que nous créons, ne s’opposent pas au réel qui nous est donné. Ces fictions poursuivent, prolongent, soulignent et précisent les choses. Réalité et fiction se mélange parfois et pourquoi pas ? Dans ces conditions de nouvelles choses deviennent concevables et envisageables... et c’est bien tous ces périmètres, pourtours et « Contours du Réel », sous leurs différents aspects, que considèrent les artistes conviés pour cette nouvelle exposition. »1
Catherine Rebois
1 Catherine Rebois, Extraits du texte du catalogue « Contours du réel » édition Topographie de l’art / Le livre d’art, Paris, février 2023.
Topographie de l’art
15, rue de Thorigny – 75003 Paris
01 40 29 44 28 / www.topographiedelart.fr