Né en 1975 à Amiens, FranceVit et travaille à Berlin, Allemagne
Terrain vague
Dans son travail, Pierre Descamps explore un No Man´s Land, une zone d´union/friction entre différentes appréhensions que l´on peut avoir des formes qu´il produit, entre minimalisme, Ready-Made, et culture populaire.
Il puise ses formes équivoques dans un registre urbain, et plus particulièrement dans l´esthétique des villes industrielles occidentales, à l´architecture brute et fonctionnelle, aux beautés glauques des H.L.M. et des zones abandonnées. Il en tire des collections de tableaux, de sculptures et de photographies à l´esthétique décharnée, aux formes dures et à l´absence humaine palpable, où le béton devient monochromie dramatique, où des éléments d´architecture et des barrières sont des constructions autonomes et contraignantes s´élevant du sol et jouant avec l´espace alentour, où les espaces publics se retrouvent comprimés en sculptures Ready-Mades à travers le filtre de la photographie et sous l´apparence fébrile de pages volantes de magazines, et où les traces d´usures spécifiques de ses planches de skateboard se collectionnent aux murs comme des trophées expressionnistes.
Concrètement, ces modèles soufflent à chacun de ses objets des qualités plastiques réalistes lors de leur élaboration (format, matière, gestes, cadrage, présentation, etc. ...), et les guident jusque dans leur positionnement lors de leur exposition, ancrant définitivement leurs formes, leurs significations et leurs charges expressives à une banalité quotidienne assumée. Leur prétention d´œuvre abstraite dans le contexte de l´Art Contemporain s´embourbe alors dans un jeu de va-et-vient permanent entre réalité, représentation, abstraction, et autodérision.
Ainsi, en appuyant son travail sur des formes existantes qui permettent des connexions entre de différentes cultures, Pierre Descamps tresse les histoires, les codes, les sens et les qualités plastiques de ses différents référents pour construire une méthode distante de réflexion artistique, et produit au final une abstraction ambivalente et cryptée, qui place le spectateur au centre d´une expérience triangulaire entre sa présence, celle de l´objet, et les contextes sous-jacents.