Né en 1978 à Anderlecht, Belgique.
Vit et travaille à Nice.
« Il semble que de tous les matériaux qu’il emploie, celui de la distance soit peut-être chez Xavier Theunis toujours le préalable. Dans son rapport au monde, à l’atelier ou à l’occasion d’une exposition, c’est d’abord à ce tout premier mouvement de désinvolture qu’il s’agit d’arracher une forme. De cette posture initiale agrégée à quelque opération de dérives et de relectures - frayant pareillement des paysagistes flamands au Bauhaus, guettant ailleurs les points de tensions de l’abstraction géométrique, l’allure ou le poids de la ligne dans l’architecture moderniste - la pratique garde l’épaisseur d’une mémoire qu’on perçoit comme déplacée.1» Chez lui, ces grands mouvements se mêlent et participent d’un répertoire transdisciplinaire, le display jouant alors souvent le rôle d’un espace formalisant. En travaillant principalement avec des matériaux issus de l’industrie (aluminium thermolaqué, adhésif, scotch, acier galvanisé, inox, médium), Xavier Theunis construit son corpus autour de la répétition et du double (deux caractéristiques de la production en chaîne), mais également autour du fragment, par le biais de la chute, du martyr, du résidu. Il produit selon ce que Michaël Fried nomme la « structure déductive2», car dans sa pratique « l’introduction d’une variation affecte l’ensemble de la série plutôt qu’une [œuvre] particulière ». La formalisation d’une problématique se traduit donc ici par la répétition d’un même geste, celui-ci ordonnant de longues séries toutes nommées « Sans titre » ; la distinction entre elles se faisant par l’indication d’un sujet entre parenthèses. Sa pratique est pluridisciplinaire et s’autorise des allers-retours entre des familles artistiques antonymiques : elle se doit d’être multiple parce qu’elle traduit un discours esthétique complexe, historicisant et pourtant décomplexé, compilant des couches successives d’indices formels, de références historiques et de sujets personnels, s’emboîtant les uns dans les autres jusqu’à former un tout cohérent, l’œuvre.
1 Communiqué de l’exposition Half Make Up, Half Lies, galerie Backslash, Paris, 2016
2 Michaël Fried « De l’antithéâtralité » in Contre La Théatralité, 2007
Xavier Theunis
Born in Anderlecht (Belgium) in 1978 Lives and works in Nice
«It seems that, of all the materials he uses, that of distance is perhaps always a preamble for Xavier Theunis. In his relationship with the world, in the studio or on the occasion of an exhibition, it is initially a matter of this very first movement of casualness in taking hold of a form. From this initial posture accompanied by a kind of drifting and re- reading operation - ranging from Dutch landscape artists to the Bauhaus, looking elsewhere for points of tension in geometric abstraction, the flair or weight of a line in Modernist architecture -, the process retains the density of a memory perceived as displaced.1» In his work, these great movements mingle together and participte in a trans- disciplinary repertory, «display» then often playing the role of a formalising space. Mainly working with materials from industry (thermolacquered aluminium, adhesives, tape, galvanised or stainless steel, MDF board), Xavier Theunis builds the body of his work around repetition and doubling (two characteristics of chain production), but also around the fragment, as in pieces of scrap, martyrs, leftovers. He produces in keeping with what Michaël Fried calls the «deductive structure2», for in his approach «the introduction of a variation affects the entire series, rathet than a specific [work]».The formalisation of a problem is thus here expressed by the repetition of the same gesture, a gesture giving rise to long series all called «Untitled», the distinction between them indicated by a subject in brackets. His approach is multi-disciplinary, allowing itself to go back and forth between antonymic artistic families: it has to be multiple, because it translates a complex esthetic discourse, historicising yet free of any hang-ups, compiling successive layers of formal indexes, historic references and personal subjects, telescoped into each other to form a coherent whole, the work itself.
1 Press release for the exhibition Half Make Up, Half Lies, Galerie Backslash, Paris, 2016
2 Michaël Fried «De l’antithéâtralité» in Contre La Théatralité, 2007